Bien avant que les journalistes n’encensent ou ne démolissent votre roman, vous ferez face à une critique plus insidieuse qui vous mènera à rendre les armes. Ce jugement impitoyable, c’est le vôtre.
Cette petite voix interne se manifeste les jours de pluie ou de beau temps, elle surgit dans le métro ou dans l’auto. Elle veut vous faire croire que votre labeur ne sert à rien, ne vaut rien ; et cela, un jour sur deux, parfois même, une phrase sur deux.
Dans Mes secrets d’écrivain, Elizabeth George compare cette voix à un chœur de paroles aigries provenant de la famille, les amis, les enseignants ou les collègues que chacun a intériorisé au cours de sa vie. Puisque ce chœur ne nous appartient pas et qu’il embrouille le regard objectif, il faut l’ignorer. Alors, vers quoi se tourner pour mesurer la qualité de notre travail ? Elizabeth George propose d’écouter son corps.
Je conseille à mes étudiants de se fier à leur corps quand ils écrivent, parce que leur corps ne leur mentira jamais sur l’histoire, le rythme, les personnages, etc. Alors que leur esprit les abusera tout le temps, leur disant que quelque chose est bon quand ils auront ce sentiment poignant, viscéral – physique –, cette conviction irréfutable que c’est mauvais. Ou vice versa.1
Qui sait, dans une société où la majorité des activités se déroulent dans notre tête, devant un petit ou un grand écran, accorder une nouvelle confiance à notre corps pour évaluer nos projets, mais aussi nos relations et nos choix de vie pourrait nous guider vers un chemin plus aligné avec nos besoins.
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1. GEORGE, Elizabeth. Mes secrets d’écrivain. Écrire un roman, ça s’apprend ! Paris, Presses de la Cité, 2006, p. 217.